1977, Cape Canaveral, Floride. Les Etats-Unis ont gagné la course à la conquête de Mars face à l’URSS, sur fond de crise des euromissiles. Les sondes Viking ont livré leurs premiers clichés de la surface de Mars, révélant des paysages arides et hostiles à la vie. Le programme Mariner Jupiter-Saturn, approuvé en 1972, vient compléter l’ambitieux programme de la NASA et du JPL d’exploration du système solaire. Le programme prend le nom de Voyager et deux sondes jumelles sont lancées, profitant d’un alignement exceptionnel des planètes se produisant tous les 175 ans. Leur objectif : explorer les planètes géantes pendant 5 ans. Décembre 2018. La sonde Voyager 2 est en train de sortir de la zone d’influence du Soleil pour entrer dans le milieu interstellaire, à plus de 17 milliards de km de la Terre… On revient aujourd’hui sur cette mission de ouf, qui a appris énormément aux scientifiques, mais qui fait aussi rêver chacun de nous depuis plus de 40 ans (bon, en tout cas, moi, j'avoue). Pour situer nos deux sondes, il faut d'abord parler du Soleil et de son influence sur ce qui l’entoure. Le Soleil, c’est la vie (oui, en plus du gras). Il ne se contente pas de nous baigner de lumière, essentielle pour la vie sur Terre, il nous protège aussi des particules pleines d'énergie qui se baladent dans l'espace et qui peuvent sacrément abîmer ta tatie, ton chien, Ryan Gosling, en bref, tout ce qui est vivant et que tu aaaiiimes. Cette protection est réalisée par le champ magnétique solaire, généré par des particules en mouvement à l’intérieur du Soleil. Ça fait peur dit comme ça, mais si tu veux éviter le mal de crâne, tu peux juste imaginer un champ de force en mode Star Wars, qui empêche les particules de rentrer. En plus réaliste, tu peux aussi revoir ci-dessous la petite expérience du lycée, avec un aimant et de la limaille de fer pour visualiser la forme du champ magnétique d'un aimant, forme tout à fait comparable à celle du champ magnétique du Soleil. Le Soleil éjecte en permanence un tas de particules dans l’espace. C’est ce qu’on appelle le vent solaire. Le champ magnétique et le vent solaire forment une sorte de bulle gigantesque autour du Soleil, englobant toutes les planètes. C’est ce qu’on appelle l’héliosphère. Cette bulle n’est pas ronde, mais plutôt un peu allongée car le Soleil se déplace à travers le gaz de la galaxie. Voyager 1 est sortie de l’héliosphère depuis 2012 et Voyager 2 est justement en train de le faire. Durant leur périple, on a déjà appris beaucoup sur les planètes géantes. L’activité volcanique de Io, la lune la plus proche de Jupiter, a été révélée. Voyager 2 est jusqu’à aujourd’hui la seule sonde a avoir survolé Neptune, nous faisant découvrir des anneaux, 6 nouvelles lunes et également la présence d’un champ magnétique (les planètes peuvent aussi en avoir). Voyager 1 a déjà fait plusieurs découvertes sur les confins de l’héliosphère, mais Voyager 2 devrait nous en apprendre encore plus, car certains des instruments hors service sur la première sonde fonctionnent encore sur la deuxième. Parmi ces découvertes, une zone appelée « mur d’hydrogène » a été observée par les deux sondes. Ce n’est pas un vrai mur bien sûr (les scientifiques ont le don pour trouver des noms qui prêtent à confusion), mais une région où l’hydrogène (l’élément le plus abondant dans l’univers) émet de la lumière ultra-violette, sans qu’on en connaisse la cause précisément pour l’instant.
Autre découverte, la transition entre l’héliosphère et le milieu interstellaire ne se fait pas de matière douce, mais on trouve au contraire un fouillis de bulles en forme de saucisses (je cite) de quelques centaines de millions de kilomètres de large, produites par l’impact du vent solaire sur le milieu interstellaire. Vers 2025, les deux sondes devraient être à court d’énergie pour faire fonctionner leurs instruments, mais d’ici là, nous aurons certainement appris encore beaucoup de choses ! Les deux sondes continueront alors leur route, emportant le disque contenant de nombreuses informations sur la Terre et l’humanité, jusqu'à atteindre dans 40 000 ans l'étoile Gliese 445... Pour aller plus loin : - le site du JPL où on peut suivre en direct la distance à laquelle se trouvent les sondes. - une vue interactive 3D d’une sonde Voyager, pour voir à quoi elles ressemblent.
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Sarah Fechtenbaum Docteure en astrophysique et médiatrice en sciences Catégories
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