Article publié pour la première fois le 16 juillet 2012. L’humanité colonisera-t-elle un jour d’autres planètes, voire d’autres systèmes stellaires ? Une nouvelle étape dans l’exploration de l’univers vient en tout cas d’être franchie. Pour la première fois, une machine fabriquée par l’homme s’apprête à sortir du système solaire, à 18 milliards de kilomètres de nous, soit plus de 120 fois la distance entre la Terre et le Soleil. Il s’agit de la sonde Voyager 1, qui a quitté la Terre le 5 septembre 1977... Retour sur une mission exceptionnelle, qui est loin d'être terminée. es deux sondes Voyager 1 et 2 ont été initialement conçues pour aller observer Jupiter et Saturne, ce qu’elles ont fait de 1979 à 1981, révélant par exemple que Jupiter possède des anneaux. C’est alors que fut prise cette photo célèbre appelée «The Pale Blue Dot» (Le point bleu pâle). Ce petit point, c’est la Terre, vue depuis le voisinage de Saturne, à 6 milliards de kilomètres de distance. On en oublierait presque les tweets, Didier Deschamps et le redressement productif, non ? Des planètes géantes... Après de si beaux résultats, l’âge de la retraite était pourtant loin de sonner pour les deux sondes, encore en très bon état de marche. Leur nouvelle mission : explorer les autres planètes du système solaire, et même au delà. A la vitesse de 60 000 km/h (à cette vitesse, la sonde ferait un tour et demi autour de la Terre en une heure), la sonde Voyager 2 a atteint Uranus cinq ans plus tard, en 1986. Elle est la seule sonde à ce jour à avoir observé de près l’atmosphère bleu-vert et glacée (environ -200°C) d’Uranus. Nous lui devons également les seules photographies de Neptune, la belle bleue aux vents terribles, plus de 2000 km/h, prises en 1989. Les deux Voyager ont aussi découvert 33 nouvelles lunes autour des planètes du système solaire. Et leur mission n’est toujours pas terminée. ...Aux confins du système du solaire
Aujourd’hui, après 35 ans de voyage, la sonde Voyager 1 a atteint les frontières de notre système solaire. Il s’agit des limites de la zone d’influence du champ magnétique du Soleil, appelée héliosphère. Comme un énorme aimant, et comme la Terre, le Soleil génère un champ magnétique. Ce champ est capital pour l’existence de la vie sur Terre car il nous protège en partie des particules cosmiques très rapides et dangereuses, générées par la mort des étoiles massives en supernovae ou par le cœur de certaines galaxies. Les limites et la forme exacte de cette frontière entre l’héliosphère et l’extérieur, qu’on appelle milieu interstellaire, sont encore mal connues. Il y a quelques mois, Voyager 1 a commencé à traverser cette frontière, révélant que celle-ci est très turbulente et constituée de «bulles» magnétiques fluctuantes, formées par les lignes de champ magnétique se détachant de l’héliosphère. Dérive vers l’inconnu Les dernières données envoyées, qui mettent maintenant plus de 33 heures à nous atteindre, montrent que la sonde navigue maintenant depuis plusieurs jours hors de l’influence du Soleil. Les astrophysiciens vont pouvoir pour la première fois obtenir des informations directes sur les conditions qui règnent dans ces régions éloignées. Dernière partie de leur mission, les deux sondes emportent avec elles, en plus des instruments scientifiques, un disque sur lequel sont gravées des informations représentant la Terre et l’humanité. Ce sont des images variées, de la structure de l’ADN à la photo d’un supermarché. Des musiques du monde entier, des sons et des salutations en 55 langues différentes complètent le tableau. Le générateur nucléaire de Voyager 1 devrait cesser de fonctionner vers 2020, mais elle continuera de dériver dans l’espace, emportant notre message vers d’autres étoiles.
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La quatrième et dernière émission de O2 radio sur la conquête spatiale a été diffusée mardi 24 février 2015 (je n'ai malheureusement pas pu en faire la pub avant, à cause de gros soucis d'internet à la maison !). Heureusement, l'émission est téléchargeable ici ! Il est question des technologies spatiales d'aujourd'hui et de demain. Je remercie encore Cap Sciences et O2 radio pour ce beau projet !
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Sarah Fechtenbaum Docteure en astrophysique et médiatrice en sciences Catégories
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