Article publié pour la première fois le 16 février 2013. Fan de Deep Impact et Armageddon ? Ne manquez pas le dernier astéroïde géocroiseur du moment ! Ce soir, un bloc de roche de 45 mètres de diamètre va passer près de la Terre (d’où le terme de géocroiseur), plus précisément à 27 000 km de là. C’est bien sûr largement en dehors de l’atmosphère et même bien plus loin que l’orbite de la station spatiale internationale, mais quand même plus près que certains satellites météorologiques et de communication. Cette distance représente grossièrement deux fois le diamètre de le Terre. La météorite sera visible à l’aide de jumelles ou d’un petit télescope à l’est vers 21h. Profitez-en, son prochain passage est en 2046 !
Je m’excuse auprès des catastrophistes et des adorateurs de Bruce Willis (je t'aime Bruce), la NASA connaît suffisamment bien la trajectoire suivie par l’astéroïde, assez semblable à celle de la Terre autour du Soleil, pour pouvoir nous assurer qu’il n’y a pas de risque que le rocher nous tombe dessus. Profitons plutôt de cette petite visite amicale pour apprendre à mieux connaître les astéroïdes. Une planète qui n’a pas pu naître Notre visiteur s’appelle DA14, est composé de roche et de glace et pèse 130 000 tonnes, ce qui en fait un exemplaire assez ordinaire de sa grande famille. La plupart des astéroïdes vient d’une zone située entre les orbites de Mars et de Jupiter, appelée à juste titre ceinture d’astéroïdes. C’est un anneau composé de poussière, cailloux et rochers, avec une masse totale qui représente seulement 4% de la masse de la Lune. On pourrait la traverser sans encombre avec un vaisseau car la distance moyenne entre deux astéroïdes est de plusieurs millions de km ! Aujourd’hui on pense que la ceinture d’astéroïdes s’est formée dès les débuts du système solaire. Lorsque le Soleil est né, il était entouré d’un disque de poussière et de gaz. Avec le temps, ces particules se sont agglomérées au fil des collisions pour former les planètes. La présence de Jupiter, très massive, a empêché la formation d’une planète à l’emplacement de la ceinture d’astéroïdes, les particules ayant une vitesse trop importante pour s’agglomérer. Certains de ces cailloux sont parfois éjectés de la ceinture et errent dans le système solaire. Ces objets sont surveillés par un programme de la NASA appelé NEOO (Near Earth Object Observation) qui cherche dans le ciel les plus gros exemplaires et prévoit leur trajectoire. Ils se servent de télescopes sur Terre et dans l’espace pour recueillir les informations nécessaires au calcul de leur trajectoire. On estime à environ 1300 le nombre d’astéroïdes de plus de 140 m de diamètre ayant une orbite pouvant croiser un jour celle de la Terre. Mais c’est la première fois que les scientifiques prévoient le passage d’un astéroïde si gros à une si faible distance de la Terre. Tous les regards seront déjà tournés vers D414 pour en apprendre un peu plus. Les briques de la vie venues de l’espace ? Une des hypothèses les plus intéressantes concernant les météorites est qu’elles pourraient être des transporteurs naturels à l’origine de la vie. Aujourd’hui, plusieurs milliers de tonnes de matière d’origine extraterrestre tombent sur Terre chaque année, probablement plus par le passé. La composition de ces roches est examinée à la loupe depuis longtemps, révélant de nombreuses molécules dites «organiques», c’est-à-dire principalement à base de carbone. Elles sont souvent appelées briques élémentaires de la vie, car ce sont elles qui constituent tous les éléments nécessaires à la fabrication de l’ADN. Ainsi les météorites sont une des multiples voies envisagées pour expliquer l’origine de la vie sur Terre. Ayez alors, ce soir, une petite pensée pour ces cailloux intergalactiques, nous sommes peut-être là en partie grâce à eux...
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Article publié pour le 6 août 2014 (rangement, la suite et bientôt fin). Nous sommes survolés en permanence : avions, satellites, stations spatiales mais aussi météorites et comètes se promènent au dessus de nos têtes ! L’une de ces comètes, qui répond au nom de Churyumov-Gerasimenko (vous pouvez l’appeler Tchouri, elle ne vous en voudra pas), se trouve maintenant à 650 millions de kilomètres de la Terre. Elle ne va pas s’écraser sur Terre, non, c’est plutôt nous qui allons à sa rencontre. Il y a dix ans, l’agence spatiale européenne a envoyé la sonde Rosetta avec pour mission l’étude détaillée de la comète. Aujourd’hui, Rosetta l’a enfin rejoint et va se mettre en orbite autour d’elle ! Les comètes, ça vous dit quelque chose, j’en suis sûre. Si vous n’êtes pas trop jeune (ça a des avantages, siii !), vous avez peut-être vu passer la comète Hale-Bopp en 1997 ou celle de Halley en 1986. Les comètes sont des boules de neige sales qui, quand elles s’approchent du Soleil, voient leurs glaces fondre et se répandre en une immense queue de gaz et de poussière. Les comètes sont de précieux objets d’étude pour les astrophysiciens. Leur composition nous éclaire par exemple sur la naissance du système solaire. Quand le système solaire s’est formé, l’essentiel de la matière a donné naissance au Soleil et aux planètes. Les restes ont formé les comètes et les météorites, qui sont alors restés quasiment inchangés jusqu’à aujourd’hui. D’autre part, les comètes auraient largement contribué à apporter l’eau sur Terre quand celle-ci était encore très jeune et chaude. Enfin, certaines études suggèrent qu’elles pourraient même avoir apporté la vie sur Terre ! Ce n’est encore qu’une hypothèse, mais une hypothèse très intéressante. La comète en forme de corn-flake L’étude de cette comète au nom imprononçable va sans doute éclairer ces questions. Pour vous donner une idée, elle fait quelques kilomètres de diamètre, ce qui est plutôt habituel chez les comètes. Sa masse, 3000 milliards de kg, équivaut à dix fois la masse de toute l’humanité réunie ! Les premières photos prises par Rosetta il y a une quinzaine de jour ont révélé que la comète avait une forme particulièrement tarabiscotée (voir image ci-dessous). Cette comète sera la première à être explorée par un engin humain. En effet, la sonde Rosetta, qui va rester en orbite autour de la comète, emporte aussi avec elle un atterrisseur appelé Philae. Celui-ci pèse une centaine de kilos et est muni d’une dizaine d’instruments scientifiques. Il pourra forer le sol sur une vingtaine de centimètres pour analyser précisément la composition de la comète. Un atterrissage à risque
L’atterrissage, prévu pour le 11 novembre prochain, promet quelques sueurs froides aux scientifiques. D’abord, il va falloir sélectionner le site d’atterrissage en fonction de nombreux paramètres, comme l’ensoleillement ou l’orbite suivie par Rosetta. Le sol va ensuite être analysé à distance par la sonde. En effet, il faut envisager tous les cas car on ne connaît pas à l’avance la consistance du sol. Si le sol est mou, Philae mettra à profit ses pieds-raquettes. Si le sol est élastique, une petite rétrofusée le plaquera au sol. Dernière complication, la gravité est extrêmement faible à la surface de la comète. N’imaginez pas faire un petit tour là-bas en tongs, la moindre petite impulsion vous enverrait dans l’espace. Les pieds de l’atterrisseur sont heureusement munis de vis pour s’arrimer fermement dans le sol. Pendant que Philae analysera le sol et prendra les premières photos en relief de la surface, Rosetta étudiera entre autres le dégazage de la comète, c’est-à-dire la transformation des glaces de la comète en gaz sous l’action du Soleil. Philae devrait fonctionner quelques mois tandis que Rosetta accompagnera la comète pendant 18 mois. Pour aller plus loin : Non, je n’ai rien bu ce matin, ni les chercheurs qui ont fait cette découverte en analysant la composition chimique de la comète Lovejoy (du nom de son découvreur, Joie de l’amour en français, si c’est pas un joli nom ça). Ils ont trouvé de l’alcool et du sucre dans la matière relâchée par la comète. Et pas des petites quantités. Ils ont estimé que la comète Lovejoy éjecte l’équivalent de 500 bouteilles de vin par seconde ! Petit rappel pour toi, lecteur curieux : une comète, c’est une boule de neige sale qui se promène dans le système solaire. Quand notre Soleil est né, il y a à peu près 4,5 milliards d’années, il était entouré d’un nuage de gaz et de poussière. Cette matière s’est agglomérée petit à petit pour former les planètes. Toute la matière ? Non, il est resté de la matière qui a résisté encore et toujours et qui ne s’est pas intégrée aux planètes : ce sont les comètes ! Les chercheurs les aiment particulièrement parce qu’elles peuvent nous fournir des indices précieux sur les détails de la formation du système solaire. Les comètes sont surtout constituées de glace et de poussière et, de temps en temps, elles passent près du Soleil. Leur glace fond alors et forme de magnifiques queues illuminées par la lumière du Soleil, que l’on peut parfois observer depuis la Terre. Une autre chose très intéressante à propos des comètes, c’est leur composition chimique. Un tas de molécules super complexes y ont été observées (je vous passe leurs noms à rallonge et à la poésie douteuse), dont certaines pourraient être des briques élémentaires permettant de former la vie, autrement dit, des molécules prébiotiques. Attention, pas trop vite ! Je n’ai pas dit qu’il y a de la vie sur les comètes, hein ! Mais, dans les différentes hypothèses sur l’apparition de la vie sur Terre, figure en bonne place l’apport de molécules complexes par les comètes. Ces molécules sont également observées dans les vastes nuages de gaz et de poussière dans lesquelles naissent les étoiles. Elles pourraient par la suite se retrouver à la surface des planètes (et des comètes) et former les acides aminés, briques élémentaires de l’ADN et donc de la vie comme on la connaît.
En juillet dernier, les chercheurs avaient déjà identifié une quinzaine de molécules sur la comète Tchouri (pour ceux et celles qui s’en rappellent, l’agence spatiale européenne a posé le petit robot Philae sur cette comète, sacré exploit ! voir cet article à ce propos) Et la dernière trouvaille des chercheurs est donc l’alcool, (l’éthanol) et le sucre le plus simple (le glycolaldéhyde). Cette dernière molécule fait partie des molécules les plus complexes observées dans l’espace. C’est un pas de plus dans la compréhension de l’origine de la vie sur Terre ! Pour aller plus loin :
Article publié le 13 novembre 2015 par Sarah Fechtenbaum Troisième émission de O2 radio sur la mission Rosetta, en orbite autour de la comète Tchouri, explorant les mystères de l'eau sur Terre ! Réécoutez la sur le site de Cap Sciences ou téléchargez-la ici.
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Sarah Fechtenbaum Docteure en astrophysique et médiatrice en sciences Catégories
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