Depuis que la NASA a posé les sondes Viking sur Mars dans les années 1970, l'image que l'on a de la planète rouge est plutôt celle d'un désert froid et inhospitalier. Ces sondes, qui avaient pour objectif la recherche de la vie, ont montré que les conditions régnant sur Mars sont plutôt du genre désagréable : température moyenne de -60 degrés, rayonnement UV intense, sols acides, absence d'eau proche de la surface. Cet énorme succès de l'agence américaine avait comme un goût de loupé. Pendant 15 ans, la NASA délaisse la conquête de Mars. Et pourtant... Mission après mission, on découvre que Mars n'a pas toujours été sèche. En 1997, le rover Sojourner se promène dans une ancienne vallée tracée il y a probablement plusieurs milliards d'années par des torrents de boue et d'eau. En 2002, Mars Odyssey découvre de la glace d'eau près de la surface autour de la calotte polaire Sud, ainsi que dans les plaines du Nord. C'est une mince couche de glace d'eau, qui existe aussi sur Terre, appelée pergélisol. Des traces de vie pourraient y être conservées. En 2008, l'atterrisseur Phoenix révèle juste sous ses pieds des minéraux particuliers, entre autres des perchlorates, se formant lorsque du dioxyde de carbone se dissout dans de l'eau liquide. Les rovers Spirit, Opportunity et Curiosity ont également montré que l'eau a coulé sur Mars par le passé et a façonné les roches et les paysages. Mars a eu un passé humide il y a fort fort longtemps, mais aujourd'hui, c'est plutôt du genre sec. Voilà ce que je racontais jusqu'à hier ! Car hier, après plusieurs jours de suspens, la NASA a annoncé une découverte qui change tout : de l'eau liquide coulerait toujours sur Mars ! L'histoire commence en 2010 avec un étudiant, Lujendra Ojha de l'Université d'Arizona, qui analyse des observations faites par la mission Mars Reconnaissance Orbiter, orbitant autour de Mars depuis 2006. Il remarque de curieuses traces sombres qui évoluent au fil des saisons sur une douzaine de sites observés (voir image ci-dessous). Ces traces s’assombrissent et semblent couler vers le bas durant les saisons chaudes et pâlissent durant les saisons froides. Elles apparaissent là où les températures dépassent les -23 degrés, et disparaissent lorsque la température baisse. Lujendra Ojha est maintenant chercheur à l'institut technologique de Géorgie et il a mené des observations de la composition chimique de ces traces sombres. Celles-ci contiennent des perchlorates (encore eux !). Ces sels hydratés ont une propriété très intéressante. Vous savez probablement que l'eau gèle en dessous de zéro degrés (ce qui est vrai à la pression atmosphérique au niveau de la mer). Cette règle est valable pour de l'eau pure. Mais si vous rajoutez du sel, l'eau peut rester liquide même en dessous de zéro. C'est pour cette raison que l'on met du sel sur les routes en hiver. Pour en revenir à nos moutons martiens, c'est ce qu'il se passe avec les perchlorates. Malgré une température négative, de l'eau liquide peut exister à la surface de Mars ! Ces traces seraient donc formées par des écoulements d'eau se produisant pendant les saisons chaudes, assombrissant la surface.
Avant le premier survol de Mars, dans les années 60, de nombreux scientifiques étaient convaincus que nous allions trouver de la vie sur Mars. Les prochaines découvertes leur donneront peut-être raison ! Vous pouvez lire le communiqué de presse de la NASA en suivant ce lien (en anglais).
2 Commentaires
Anne
10/4/2015 10:04:19
Petit message pour te dire que j'ai vraiment beaucoup aimé ta conférence aujourd'hui, c'était super intéressant et bien expliqué ! :)
Répondre
Sarah
10/5/2015 01:29:22
Merci beaucoup Anne ! A bientôt :)
Répondre
Votre commentaire sera affiché après son approbation.
Laisser un réponse. |
Qui écrit ?
Sarah Fechtenbaum Docteure en astrophysique et médiatrice en sciences Catégories
Tous
Archives
Janvier 2024
Retrouvez mon dossier Trous noirs dans la revue l'Eléphant
Mon blog dans la sélection des meilleurs blogues de sciences en français 2013 !
Les sites que j'aime
Futurasciences Astronomes Images de la NASA Tu mourras moins bête Science Daily Daily Galaxy Piqûre de Curiosité |